Oignons roses et yeux de perle: Lecture heureuse des poètes bretons
L es Johnnies de Roscoff furent de singuliers navigateurs. Depuis 1827 jusqu'au milieu du XXe siècle, ils embarquaient en juillet après le pardon de Sainte Barbe. Une fois arrivés à Cardiff, les vendeurs souvent jeunes faisaient du porte à porte, les chapelets d'oignons roses à l'épaule, sur un balancier. Ils revenaient parlant anglais, des étoiles dans les yeux. Ils étaient nos étonnants voyageurs à nous, petits-enfants de Johnnies. Peu d'ouvrages ont été consacré à ces colporteurs de petite et de grande Bretagne. Bonheur de trouver sous la plume de Paol Keineg, le poète de Quimerc'h (29), naguère héraut des Bonnets rouges (ceux de Louis XIV!), ce portrait poétique du "Johnniged" breton qui "pédale dur aux limites de la terre/ en un pays où les jeux ne sont pas faits/ où la beauté des corps n'est pas abolie". On le savait que les Johnnies étaient des hommes aux semelles de vent, l'ami Keineg, qui les admire depuis l'enfance, leur of